12 août 2014

Je suis à un tournant, à une croisée de chemins. Je suis en train de prendre des décisions qui vont potentiellement me mener dans de nouvelles directions et me changer en profondeur. En aurais-je le courage ? Est-ce la bonne décision ?

Il nous arrive à tous des événements dans la vie qui nous poussent à réfléchir à notre devenir. Que ce soit une naissance, un décès, un chagrin, un nouvel amour ou un accident, pour peu qu’on veuille bien prendre le temps de se poser et réfléchir à ce qui nous fait, ce qui fait fonctionner ce gestalt que nous appelons être, personnalité ou esprit, et toute une vie bien ordonnée peut partir en éclat.



Ce n’est pas toujours le cas. La plupart préféreront envoyer paitre ces idées farfelues et les enfoncer au plus profond. D’autres les considérerons comme des divagations éphémères qui se dissiperont avec le temps et le retour à la vie normale. Il n’est rien qui tue l’imagination et les rêves que la routine du train-train quotidien.  Comment laisser l’esprit vaguer au grès des tourbillons qui sont en chacun d’entre nous quand nous vivons une vie effréné et gouvernée par un temps qui nous manquera toujours ? Au réveil, le temps est tellement proche que nous pourrions presque tendre la main et le saisir mais il semble toujours se défiler, juste hors de portée. Au fur et à mesure de la journée, nous croyons l’avoir à notre portée pour se retrouver soudain haletants à sa poursuite sans aucun espoir de le rattraper pour finalement le perdre complètement de vue au moment où nos yeux alourdis par le sommeil nous font lâcher prise. Pour tout recommencer le lendemain matin, et le suivant, et le suivant, jusqu’à ce que les journées deviennent fleuve, et que jeunesse ne soit plus que souvenir et que nos réminiscences ne gardent qu’un éternel goût amer et lancinant, un petit quelque chose qui nous rappellera, jusqu’à notre lit de mort, que nous avons peut-être raté quelque chose, que notre vie aurait pu être tout autre. Il n’est rien de pire que les regrets. C’est le destin de la majorité d’entre nous.

Jeune, nous avons la certitude d’être éternels et que la vie et la santé sont un dû. L’impression de toute puissance qu’offre la santé combinée à l’ignorance est le moteur de la jeunesse.  Avec l’âge, plus sages, nous réalisons toute la fragilité de ce qui fait de nous ce que nous sommes. Malheureusement, jeunes, nous sommes bien trop inconscients pour se rendre compte de l’étendue des opportunités et de notre réelle liberté pour vraiment en profiter. Vieux, nous avons tellement peur de perdre ce que nous avons que le moindre changement devient brutalité, la moindre fluctuation dans notre routine est anathème. 
Sans négliger l’autre, la masse des autres qui nous maintien dans le carcan des traditions. La société, bien que dépourvue de conscience, nous dirige tel un berger menant son troupeau, par tapes légères quand nous nous laissons faire, ou en lâchant les chiens quand nous nous éloignons trop de l’ordre établi. Nous-mêmes sommes parfois le bâton ou le chien pour d’autres sans que nous en rendions compte. Tout comme nous avons l’absolue certitude de ne pas être mouton.

Sous bien des côtés, nous ne sommes qu’animaux. Seul nous en sépare la capacité de réfléchir, de pondérer nos décisions et de peser nos actions à l’aune d’une morale universelle. Une morale qui nous vient de notre évolution.  Ne fait donc pas à l’autre ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse. Effarant de simplicité. Cette capacité de raisonner est formidablement malléable et adaptable. Nous l’avons longtemps consacrée à la survie. Le monde d’aujourd’hui nous redonne la main sur notre cerveau. Nous pouvons l’utiliser à notre guise.
Nous consacrons nos capacités de raisonnement à notre vie courante. Apprendre, travailler, assurer sa subsistance, séduire (j’ai des doutes sur ce point), se protéger soi-même et les siens, se divertir. Mais combien consacrons-nous à nos choix de vie. La plupart d’entre nous se laissent séduire par le mode de vie, la religion et les règles établies par les légions qui nous ont précédés. Si cela a fonctionné pour eux, pourquoi pas nous? Effectivement, mais ce faisant, n’est-il pas possible que se dérobe à nous quelque chose encore plus merveilleux que ce que les précédentes générations ont connue ?

Que faut-il donc pour apprendre à mieux raisonner, à dompter le temps au lieu de lui courir après, de s’affranchir de l’inconscience de la jeunesse et de la peur de la vieillesse, et de la contrainte de l’autre ? Peut-être tout simplement du temps.
Qui prend encore le temps de ravir quelques précieux instants à cette vie dite moderne afin qu’esprit et corps ne fassent plus qu’un, et qu’ensemble, critiquent la journée passée et décident en toute connaissance de cause de celle qui se dessine? De ceux-là, combien sont-ils à regarder plus loin qu’une journée et porter leur regard sur les semaines, les mois et les années passées et à venir pour faire leur choix de vie ? De ces derniers, bien peu encore iront jusqu’à agir en profondeur sur leur vie, pour lui donner une direction nouvelle, un nouveau souffle. De ceux-là, combien seront heureux? combien réussiront? Est-ce la bonne chose à faire?

Je dois me rappeler que la majorité n’a pas toujours raison, et que parfois, il faut parcourir son propre chemin. En même temps, ne pas perdre de vue que la majorité n’a pas non plus toujours tort, et que le chemin choisis par la majorité peut être le mien. Le tout étant de le choisir consciemment, et d’effectuer mes propres choix de vie et en accepter les conséquences.

A prendre le temps de réfléchir, on prend le risque de se laisser submerger par nos désirs profonds et à aller à l’encontre de ce que la majorité considère comme un bon choix. Et alors ? La vie est tellement courte et fragile qu’il faut en profiter pleinement, la mordre à pleines dents et en savourer le jus jusqu’à la moelle. La vie est faite pour être vécue selon nos envies.

Plus j'y pense, et plus je crois qu'il vaut mille fois mieux vivre avec des remords qu’un seul regret. Je me lance.

3 Commentaires:

  1. la fin résume tout.... profitez tant que vous le pouvez :)

    RépondreSupprimer
  2. Très profond. Tu as même intégré un mot allemand dans ta réflexion.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Clément :) T'auras droit a la version Live dans peu de temps !

      Supprimer