9 juin 2014

Tout le monde ou presque connait Casablanca. Ce nom est resté gravé dans les mémoires suite au Film éponyme avec Humphrey Bogart. Mais cette ville vaut-elle vraiment le détour ? Est-elle encore cette ville mystérieuse, romantique et dévergondée décrite dans le film ? L’a-t-elle jamais été ?


Les surprises de l’Aéroport Mohammed V de Casablanca 

Le visiteur aura son premier aperçu de Casablanca à  l’aéroport Mohammed V. 

Et pour peu que vous soyez originaire d’un pays occidental, le choc culturel sera quasi inexistant. Les quelques mosaïques ici et là seront parfois le seul indice indiquant que vous êtes en orient. J’ai failli oublier la mine renfrogné des membres de la police des frontières qui vous feront passer un moment inoubliable dans une queue interminable et dans une ambiance internationale et chaleureuse. Prévoyez de la musique ou un livre ! 

Parfois, rarement, vous pouvez arriver en même temps que les pèlerins de retour de la Mecque ; L’ambiance à ce moment-là est indescriptible. C’est l’orient tel que vous l’imaginez. Bordélique, bruyant et savoureux. Des centaines de passagers débarquent de long vol qui les ramène du pèlerinage d’une vie. Ils sont encore tout habillés en draps blanc, signe de pureté, et poussant devant eux des amoncellements de bagages cachant complètement le pauvre porte bagage qui peine à survivre à la charge. 

Ne vous étonnez pas de voir vos bagages arriver sur le tapis roulant complètement  mouillés malgré le ciel bleu azure et le soleil flamboyant. Les pèlerins ramènent pour la plupart des bouteilles et autres bonbonnes  d’eau bénites dans les soutes de l’avion.  Comme vous partagez les mêmes tapis de bagages, vos sacs seront bénis pour toute l’éternité. Que demander de mieux ? Sortir de la zone d’arrivée se révélera un chemin du combattant. Tous souhaitent retrouver leurs familles au plus vite. Cela se bouscule, s’invective (poliment, on revient d’un lieu sacré) et se font des queues de poisson a qui arrivera en premier devant un douanier blasé qui leur fera signe de passer, sans trop s’occuper de contenu de leur sac. Encore une fois, que pourraient-ils ramener d’illégal du plus haut lieu saint de l’Islam ? Une fois la douane passée, des délégations entières attendent les grands-parents, les parents et autres tantes et oncles. Le pèlerinage est une fête pour les pèlerins mais aussi pour leur famille. Pour le visiteur étranger, c’est un combat acharné et sans merci afin de se dégager un chemin au milieu de cette foule joyeuse et atteindre le Graal ultime, la sortie.

Casablanca, la ville

Le trajet de l’aéroport vers le centre-ville apportera son lot de surprises. Aucun minaret, pas de vielles ruelles étroites et sinueuses et encore moins de dromadaires. Ce qui vous attend ressemble à n’importe quelle grande ville européenne. De larges  boulevards accueillent une circulation pour le moins chaotiques. 

Des immeubles aux façades (plus ou moins) blanches bordant et canalisant ces fous du klaxon. Feux rouges à profusion à peine respectés, policiers assurant la circulation au bord de la crise de nerf, queues de poissons à gogo, voitures cabossées donnent bien vite un aperçu des habitudes de conduite locales. 

De temps en temps, des calèches tirées par des ânes faméliques ou des animaux de ferme en pleine ville viennent rappeler de temps en temps qu’ici, c’est le Maroc. 
De grands panneaux publicitaires, les tours de verre arborant les logos des plus grandes marques et les immeubles en construction indiquent sans aucun doute possible que Casablanca est la capitale économique du Royaume. 

Des immeubles en construction ceinturent la ville démontrant l'activité économique bouillonnante de cette ville unique. D'une année à l'autre, le paysage change, croqué petit à petit par cette ville tentaculaire. Mais jamais autant que depuis les quelques dernières années. Que ce soit des immeubles de bureaux ou des quartiers entiers sortant de terre, 




La nouvelle banlieue chic de Casablanca

Parlons-en de ces quartiers qui poussent de manière effréné autour de Casablanca. Tout autour de la ville, des lotissement semblent apparaître comme par magie. Des promoteurs immobiliers font construire des quartiers entiers avec commerces, piscines et toutes les commodités que l'on peut espérer. Plus étonnant encore, il ne s'agit pas d'immeubles d’habitation pour soulager Casablanca, mais plutôt de grandes villas avec jardin et piscine privatives.
En voyant ces quartiers pour la première fois (Plusieurs de côté de Tamaris ou de Dar Bouazza par exemple), j'ai vite compris que j'assistais là à la naissance de la banlieue de Casablanca. Pas la banlieue au sens français avec ce que cela comporte de préconceptions négatives, mais plutôt de la banlieue à l'américaine, avec sa conception du pavillon chic qui montre, plus que tout autre chose, la réussite sociale et professionnelle. 
Cette banlieue permet et permettra aux casablancais les plus aisés de sortir de cette mégalopole bruyante et pollué pour offrir à leurs enfants et famille un cadre de vie plus agréable, tout en étant assez proches pour avoir accès aux richesses et à l'économie du poumon économique du Maroc.

Autre point qui m'a surpris est le côté ultra protégé de ces quartiers. Il ne s'agit pas seulement de lotissement, mais plutôt de communautés sécurisées par de hautes murailles, des portiques avec gardiens à l'entrée qui ne sont censés laisser passer que les propriétaires et leurs invités. je me suis  cru aux états-unis dans les "Gated Communities" des états-unis, avec leur paranoïa ambiante et leur renfermement sur soi. Cela semble le modèle pris par les communautés au Maroc. Des forteresse pour les privilégiés, ultra-inquiets pour leur sécurité et maintenant leur distance avec tout ce qui se trouve au-delà de l'enceinte, et ne l'approchant qu'à travers les vitres des voitures les menant depuis et vers Casablanca.
C'est dommage, car cela aurait été beaucoup plus agréable d'avoir des espaces ouverts, de permettre aux gens de s'y balader librement, et d'éviter une séparation physique entre pauvres et riches. Sans doute suis-je en train de rêver tout haut, étant donné la hausse actuelle (mi-2014) de criminalité actuel de Casablanca, et les différences énormes des revenus des habitants.

le second point noir de ces communauté étant les transports en commun, inexistants. Tout se fait en voiture, le moindre déplacement nécessite nos amis à quatre roues, et cela rapproche encore plus le modèle des lotissements marocains à leurs équivalents américains.

Casablanca, en conclusion

Le Casablanca de Humphrey Bogart parait bien loin de cette ville tentaculaire, bruyante et pleine d’énergie. Si vous êtes à la recherche du Maroc moderne, du poumon économique qui permet des taux de croissances qui font saliver d'envie les économies européennes, alors Casablanca est pour vous. Les occidentaux (Français et américains en particulier) sont encore très bien considérés au Maroc, et il vous sera possible de trouver des jobs très bien rémunérés si vous avez les bonnes compétences. 
La scène nocturne est active et complètement dévergondée (j'y reviendrai dans un prochain article)
Mais faites attention à l'envers du décors, les disparités sociales sont tout simplement énorme. Croiser la dernière des BMW, Audi pouvant atteindre les 100 000€ dans la même rue qu'un jeune homme tirant à la force de ses bras une charrette trop lourde remplie de ferraille ramassée ici et là, est chose courante. 
Si Casablanca était une personne, elle serait psychotique à force d'essayer d'allier le Maroc ancestrale avec la réalité moderne et les besoins économiques. à chacun d'en tirer son épingle du jeu. Ou pas.



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