1 novembre 2014

Si Casablanca est le poumon économique du pays, Marrakech son bras touristique, Fès est et a longtemps été le cœur du Maroc. Que ce soit l'artisanat, le commerce (la plupart des grandes fortunes de Casablanca sont originaires de Fès) ou la culture, Fès a de tout temps dominé le Maroc.

Durant les saisons chaudes, le meilleur moment pour visiter la médina de Fès est à partir de 10h du matin environ. Comme le soleil n'est pas encore à son zénith et ne rentre pas dans les ruelles du fait de la hauteur de maisons, il fait encore frais et il est agréable de se balader dans les ruelles étroites. Les marchands ont tout juste ouvert, et si ce n'est pas encore fait, cela ne saurait tarder.



La médina est entourée par une muraille n'ayant rien à envier à celle de Meknès. L'entrée dans la médina se fait par plusieurs portes (appelées Bab). Chacun de ces Bab est connue des taxis, et il est relativement facile de trouver celui qui nous intéresse. Pour commencer la visite, nous choisissons de passer par Bab Boujloud, en haut de la médina, afin de visiter le dédale qui nous attendait dans le sens de la descente. Pas la peine de se fatiguer dès le début de la journée pour rien!

De Bab Boujloud à R'cif

A peine entrés dans Bab Boujloud, nous sommes accueillis par plusieurs rabatteurs qui essayent de nous attirer dans les quelques restaurants et cafés de la place, qui nous proposent des méchouis et des couscous à 10h du mat! Ridicule! Je reviendrai sur les rabatteurs dans un autre article.
Un peu plus loin, nous sommes accueillis par une sacrée ambiance! Les rues sont étroites et grouillantes de monde. Une foule bigarrée se bouscule et se harangue. Des commerçants interpellent les passants. Des rabatteurs tentent toutes les langues existantes (ou pas) pour attirer le touriste. Une sorte de danse perpétuelle qui commence en début de journée pour se clôturer au coucher du soleil, pour le plus grand bonheur des visiteurs. Les gens du cru ne s'aperçoivent sans doute même plus de tout cela.

Les déplacements en véhicule motorisés sont quasi impossibles dans la médina. A peine certains scooters arrivent à se faufiler entre les passants agacés par le bruit et la fumée. Les bêtes de somme sont le principal moyen de transport de marchandises. On croisera ainsi nombre d'ânes, mulets et chevaux portant chargés à bloc.

Parfois, ce sont plutôt des hommes qui s'occupent de tirer une sorte de petite charrette à la force des bras. Ils sont loués par les habitants ou les commerçants pour une modique somme afin d'emmener allez savoir quoi du point A au point B.
Les rabatteurs exceptés, les gens sont en général extrêmement accueillants et agréables. Il suffit en général d'éviter ceux qui vous interpellent dans la rue pour tomber sur des cœurs. Ils iront souvent jusqu'à faire demi-tour pour vous guider dans le dédale de la ville, et vous aideront autant que possible.

Il est possible de trouver de petits trésors, tel ce salon de thé à l'ambiance tranquille. L'eau est maintenue à la bonne température à l'aide de charbons, et le thé fait à la manière de Fès, avec du thé des inde, de la menthe et beaucoup de sucre. un délice.




Juste en face de ce salon de thé, se trouve une ancienne auberge qui accueillait les caravaniers et leurs marchandises.


Fès insolite

Plus nous plongeons dans la médina, et plus on trouve des lieux insolites et des personnages haut en couleur. Parfois, ce sont des artisans travaillant le bois ou autres matériaux, et le vendant sur place. 
D'autre fois, nous trouvons de très vielles personnes assises par terre à vendre un produit ou un autre. Souvent des produits frais ou des herbes. La retraite ne semble pas exister pour les petites gens.






Les tanneries

Les tanneries sont sans doute un des lieux mythiques et des plus étonnants de la médina de Fès. C'est aussi une des corporations les plus puissante de la ville, et représente un des symboles de la ville. Sur place, il est souvent difficile de trouver les tannerie par soi même. Il faudra faire confiance aux rabatteurs qui sillonnent les ruelles environnantes. Ils vous mèneront sur une des terrasses surplombant les tanneries. La vue est assez impressionnante, nous avons à la fois vu sur ces trous remplies de différents liquides servant au travail du cuir, et sur la médina de Fès au loin.




L'odeur est pestilentielle, du moins au début. Les guides vous fourniront souvent de la menthe fraîche à sniffer. Au bout d'un moment, on n'en a plus besoin, le nez s'habitue. Autre surprise, les gens qui travaillent le cuir, pieds nus dans des bains acides. Cela semble physiquement très pénible, et ça l'est je pense.

On nous as dit que travailler dans les tanneries, c'est un métier d'or. Dans le sens ou cela paye! Tabnt mieux pour eux, c'est mérité.

Les riads

Derrière les murs se cachent parfois de petits trésors, à l'instar de Kassr Annoujoum (Palais des étoiles), un centre d'échanges et de rencontres culturels rénové par l'ancien ambassadeur d'Italie au Maroc et tenu aujourd'hui par une association italo-marocaine. Ils ont transformé la maison en petit jardin luxueux, avec des décorations à couper le souffle, un cadre agréable pour prendre un verre, et même la possibilité de manger dans la piscine, avec des plateaux sur le bord de la piscine, et des sièges immergés! Du délire.



Les mosquées et autres Medersa

La plupart des mosquées et écoles coraniques (Medersas) sont réservées aux fidèles. L'entrée en est ainsi interdite aux non-musulmans, ce qui inclut quasi tous les européens, ce qui est bien dommage, certains de ces monuments ont plus de 1000 ans et présentent un riche patrimoine historique et culturel, et feraient le bonheur des visiteurs. Heureusement, il existe quelques exceptions, tel la Medersa Bouanania, ouverte au public pour la modique somme de 20dh, et qui offre un aperçu de ce qu'a pu être la médina de Fès à l'époque, et de ce à quoi ressemble les autres lieux de prière. 
Le lieu est enchanteur. Un large espace intérieur ouvert au ciel accueille le visiteur, occupé par une petite fontaine, servant sans aucun doute aux ablutions. Les décorations et arabesques couvrent la totalité des murs sans que cela ne donne l'impression d'être trop chargé. Le soin du détail et le choix des couleurs est un bonheur pour les yeux. 
S'il n'est pas possible de visiter les autres lieux religieux, il est néanmoins possible d'admirer les portes d'entrée, systématiquement décorées avec soin.




Les musées

Un de nos endroits favoris à Fès, un havre de paix et de calme au milieu du bordel ambiant, est le musée Nejjarine. Autrefois un hôtel, il a été rénové pour devenir un musée dédié à l'artisanat marocain. On y trouve de tout, des ustensils de cuisine aux jouets pour enfants, en passant pas les instruments de musique de la musique traditionnelle marocaine.
Mais ce qui fait vraiment le charme du lieu, c'est le bâtiment en lui-même, mêlant harmonieusement murs blancs et bois, et s'articulant autour d'un large espace intérieur. C'est vraiment magnifique et calme. Nous y avons passé une bonne heure, juste assis à profiter du silence. 
En bonus, les meilleures toilettes de Fès. A l'européenne, modernes et propres. Et graal de tous les graal, on y trouve du même du PQ! 



Les maisons de monsieur tout le monde

Il faut visiter les rues commerçantes et profiter de la richesse artisanale de Fès, mais il ne faut cependant pas négliger les petites rues (derbs) adjacentes qui offre un aperçu unique de la médina et de la manière de vivre de ses 600 000 habitants. De petites ruelles étroites, à peine assez large pour laisser passer une personne sont la norme.
On retrouve régulièrement des enchevêtrements de maisons à vous donner le tournis.
Nous avons également eu l'occasion de visiter des maisons typiques, là où les habitants 'normaux' habitent. La maison s'articule autour d'un petit espace intérieur qui sert également de puits de lumière. Au rez-de-chaussée, deux petites pièces qui servent de salon. A l'étage, les chambres. 
Les propriétaires des lieux ont été extrêmement gentils et accueillant en nous permettant de jeter un coup d'œil chez eux. 


L'histoire plus récente

Nous apercevant un monument un peu particulier à l'extérieur immédiat de la médina, un long texte y est inscrit. Il s'agit apparemment de la déclaration d'indépendance du Maroc datant de 1945, à la sortie de la seconde guerre mondiale, signée par les principaux notables et politiques marocains de l'époque. Ils demandaient à la France de lever le protectorat et de rendre son indépendance au Maroc, sous le règne de Mohammed V, le grand père du Roi actuel. Ils obtiendront gain de cause 10 ans plus tard environ.

Les relations avec la France sont toujours restées bonnes. A l'opposé de l'Algérie qui était un département français, le Maroc a toujours gardé ces institutions et était uniquement sous 'protectorat'. Les événements conduisant à l'indépendance furent beaucoup moins sanglants qu'en Algérie. 

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