13 janvier 2015

Je suis Charlie ! Nous Sommes Charlie. Même de l'autre côté de la planète, nous nous joignons à ce qui se passe en France.



Plusieurs personnes nous ont fait remarquer que cela faisait plusieurs jours que nous n'avons rien publié. C'est que nous n'avions pas tant le cœur à s'occuper du blog. Nous avons passé quelques journées assez difficiles la semaine dernière en suivant les attaques sur Charlie Hebdo, en passant par les prises d'otage et pour terminer avec les rassemblements de ce week-end et la publication, demain, du prochain numéro.

Lauryanne et moi en avons encore les larmes aux yeux. On en parle tous les jours. On échange avec les français croisés aux hasards des rues et des hôtels du Sri Lanka et on débat souvent de ce que cela représente pour le futur du pays, de la liberté d'expression et de la montée des extrémismes. 

Nous soupirons de soulagement en apprenant l'élan de solidarité des autres médias français pour sauvegarder Charlie Hebdo. Nous ricanons un peu devant les politiques qui, hier encore, étaient pour certains d'âpres critiques, se trouvent soudain les plus grands soutiens. Nous pleurons d'émotion en apprenant les dons et le soutien du grand publique, que ce soit en argent sonnant et trébuchant ou en  abonnements. Nous hurlons notre colère devant le FN qui essaye de récupérer un drame national, et le tourner en matière à propagande et polémique. 

Par-dessus tout, nous rageons de ne pas pouvoir être en France, de ne pas pouvoir participer à cette énorme marée humaine qui a envahie toutes les villes. Nous pleurons de ne pas pouvoir participer et rajouter notre voie aux millions qui offrent leur solidarité à Charlie Hebdo, aux policiers et aux victimes innocentes de l'épicerie Cacher, tuées pour ce qu'elles croyaient. Au-delà de simplement se maintenir au courant, nous essayons de participer autant soit peu, à distance. Sur Facebook, au téléphone avec nos familles et sur ce blog. 

Beaucoup disent qu'ils ne sont pas Charlie, qu'ils ne cautionnent pas les caricatures. Le blasphème. Ou simplement de s'attaquer à des communautés minoritaires.  Je dirais qu'ils se trompent. On peut aimer ou pas. On peut acheter ou pas le journal. Mais en tout état de cause, on doit défendre leur droit de faire ce qu'ils font. Rire de tout et blasphémer à volonté. 

Demain, paraîtra le prochain numéro de Charlie Hebdo. Nous sommes morts de rire devant cette une, tellement subtile. Ils publient à nouveau une caricature du prophète, faisant fi de la menace. Nous ne pouvons que saluer leur courage et leur abnégation à défendre nos droits. Ils auraient pu se montrer violents, aller encore plus loin dans les caricatures, et choquer. Ils auraient pu en faire un numéro nécrologique sur leurs anciens amis et collègues. Mais non, ils ont choisis de garder leur âme si je puis dire. Ils ont choisis de rester fidèles à ce qui fait Charlie Hebdo, et nous faire rire. C'est un bonheur. Nous avons demandé à Sophie, qui nous rejoint en Thaïlande dans 3 semaines, de nous ramener le numéro de demain, et tous ceux à paraître d'ici là. Nous mourons d'impatience de le lire.

Nous ne pouvons qu'admirer le courage de ces hommes et femmes qui, pendant des années, des décennies, ont combattu contre vent et marée les critiques et le danger pour poursuivre leur œuvre. Cela peut sembler risible de mettre tant d'importance dans un journal satirique. Mais ce journal est un des derniers défenseurs de cette liberté d'expression qui fait partie de ce qui fait la France. Charlie Hebdo nous rappelle qu'avoir un droit et l'exercer sont deux choses totalement différentes. Que les moralisateurs bien-pensants, au nom du respect de certaines communautés, essayent de museler notre droit à l'ouvrir grand et fort. Charlie Hebdo, chaque semaine, leur montre qu'il le fit quand même, et emmerde leur morale. Limiter la liberté d'expression, c'est la tuer à petit feu. Pour nos amis religieux, cela se traduit par "L'enfer est pavé de bonnes intentions".

Craintes

Nous avons des craintes aussi. Nous avons peur pour notre pays. Nous avons peur de voir s'éteindre la flamme de liberté d'expression que représente Charlie Hebdo. Peut-être pas demain, ni le mois prochain. Ni dans un an. Mais les gens se rappelleront-il de ce que représente ce journal satirique dans cinq ans, dix ans ? Allons-nous, un jour, donner raison aux moralistes et abandonner nos droits? L'avenir seul le dira, mais nous avons déjà décidé de nous abonner à Charlie Hebdo à notre retour.

Nous avons peur aussi des extrêmes de tous bords. Certains (beaucoup?) font l'amalgame entre Islam et Islamistes. D'autres, encore plus nombreux, confondent immigration et problèmes de la société. La France à suffisamment connus de guerres de religions dans son passé tumultueux pour, je l'espère, ne pas se lancer dans une nouvelles. Nos compatriotes sauront ils faire la part des choses, apprendre à vivre dans cette société multiculturelle et riche qui fait la France d'aujourd'hui ? Nous l'espérons. Car c'est un bien beau pays que nous avons, et il mérite qu'on se batte pour le sauvegarder.

Nous avons aussi peur des gouvernants, et de leurs proportions à tout tourner en sujet à polémique ou à faire des lois liberticides. Épargnez-nous les "Patriot Acts" à l'américaine. La sécurité, oui, mais dans les respects des droits de l'individu et de la liberté. 

Espoir

Nous espérons aussi. Nous espérons avant tout que, Demain, paraîtra le nouveau Charlie Hebdo. La semaine prochaine encore un autre. Et encore et encore. Que dans plusieurs décennies, certains riront et d'autres rageront devant leurs unes. Que la réponse des mécontents se fasse au tribunal, pas avec des armes.

Nous espérons que les français qui se sont réunis comme jamais auparavant pour bien montrer leur attachement à leurs libertés et à leur pays, n'oublieront jamais ce qui s'est passé. Non pas ce funeste 7 janvier, mais plutôt ce magnifique 11 janvier qui a vus 4 millions de personnes se réunir pour crier leur défis aux extrémistes. Solidaires nous sommes. Solidaires nous devons rester sur d'autres sujets. Sarko cherchait il y'a quelque années à définir l'Identité Française. Il vient peut-être de trouver la réponse.

Nous espérons que ce drame créera une unité nationale de tous les français. Nous sommes français d'abord. Nos origines ne doivent avoir aucune espèce d'importance. Le nom qu'on porte ne doit pas préjuger de nos actions. Les religions doivent rester du domaine privé. La république est une grande famille et doit le rester. Ses lois sont le socle commun qui nous permet de vivre ensemble. Sauvegardons-les.

Sur ce, nous vous souhaitons bonne lecture de Charlie Hebdo demain, et à bientôt

Majd et Lauryanne

ps : On ne peut résister à rajouter quelques dessins glanés sur le net et sur Facebook ces derniers jours.

Et ils tapent sur tout le monde









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